Il y a environ un an, le procès pénal historique des attentats commis le 22 mars 2016 débutait. Il annonçait un long débat qui durera plus de neuf mois d’audience. Une présence journalière et quasi-systématique ont été sollicitées pour beaucoup d’acteurs au sein de ce procès. Considérées comme des acteurs à part entière du système pénal belge, les personnes victimes/survivantes allaient donc être prises à vif des informations journalières transmises à travers la cour d’assises, les médias et la société. Nous nous sommes questionnés des dispositifs à mettre en place en ajout du travail d’assistance individualisé déjà réalisé avec celles-ci.
Une idée nous est apparue réalisable grâce à la précieuse collaboration avec Jacques Roisin, psychanalyste et victimologue, professeur et formateur. Communément appelés des « groupes de parole », nous avons penché pour une dénomination différente afin de mieux correspondre au contexte dans lequel on s’installait. Les « groupes de rencontre » ont donc démarré avec au total une vingtaine de participants victimes/survivants. Nous avons opté pour un groupe ouvert et flexible sans aucune contrainte envers les participants. Cela nous a permis de croiser les perceptions et le vécu de personnes touchées par des attentats divers ayant fait l’expérience ou non de la participation à un procès.
Notre intention initiale était de proposer un moment et un espace de discussion où le « ramassage » des émotions fût possible. Petit à petit, des thématiques se sont dégagées. Nous avons concilié les besoins de chacun en s’accordant collectivement sur ce que les participants voulaient discuter. De nombreux sujets et de précieuses réflexions ont pris place au sein des groupes organisés un samedi par mois. Nous avons abordé plusieurs fois : les frustrations nourries par les injustices du système juridique, administratif et politique, la fracture sociale et familiale imposée par le trauma, les sentiments de culpabilité divers, la gestion de la colère, la honte, le sentiment de compassion à l’égard des accusés, la notion de guérison et divers ressentis dû au procès pénal.
Grâce à une co-animation (Jacques Roisin et David Polizzi) et à la retranscription d’une observatrice appliquée, Morgane Vincart, anthropologue et victimologue, la richesse de nos échanges a pu être fraîchement conservé dans la mémoire du groupe à chaque session. Le sentiment de légitimité a beaucoup été discuté avec pudeur et dignité. Le groupe a fait preuve de bienveillance et d’une solidarité exemplaire. Cette atmosphère a poussé chacun(e) à explorer ses propres voies de résolution personnelle.
Aujourd’hui, sous l'appellation "groupe de réflexion", nous entrons dans une phase post-procès qui suscitent de nouvelles questions. Nous continuons cette démarche ensemble, sur les voies de la guérison.